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Questions soulevées par Le Livre noir de la psychanalyse

publié dans le numéro 2 , de Juin 2006

Georges Gachnochi

Pédopsychiatre, membre de la Société Psychanalytique de Paris.

 

Le Livre noir de la psychanalyse : vivre, penser et aller mieux sans Freud, sous la direction de Jacques Van Rillaer, Didier Pleux, Jean Cottraux, Mikkel Borch-Jacobsen, Catherine Meyer. Les Arènes, 2005.

La récente parution du Livre noir de la psychanalyse se présente ouvertement comme un coup médiatique. En réponse à une question d’Éric Favereau de Libération (17-18/9/05) qui l’interrogeait sur l’utilité des injures utilisées à l’encontre de Freud, Jean Cottraux, l’un des principaux responsables de ce pavé brouillon, mal construit, hétéroclite, où l’on insiste par ailleurs à tout bout de champ sur la nécessité de ne rien avancer qui ne soit prouvé scientifiquement, n’avouait-il pas : « On a forcé un peu la note et un débat a besoin d’être polémique. Il est vrai qu’il y a eu des discussions sur le titre, mais aujourd’hui parler de “livre noir” ne veut pas dire extermination de masse (sic). » Un certain Franck Cioffi, sous prétexte de dénoncer la « mauvaise foi » de Freud et des freudiens dans l’histoire du traitement d’Anna O, n’hésite pas à les comparer aux nazis et aux staliniens.

On voit tout de suite à quel niveau se situe le débat, du moins pour certains auteurs. Il semble bien que l’insistance de Freud, « malgré son peu de goût pour la chose », comme le fait finement remarquer Mikkel Borch-Jacobsen, sur le rôle de la sexualité chez l’être humain depuis son enfance provoque chez eux autant d’émoi que chez leurs confrères du début du siècle dernier.

Un procès d’intention

Nous reviendrons sur l’évidence que les auteurs n’ont pas vraiment saisi ce que Freud dénomme ainsi, et pourquoi il confère ce statut privilégié à la sexualité. Il faut presque s’excuser d’avoir à le rappeler. Chez les humains, la sexualité (génitale) n’est pas uniquement soumise à la finalité de la reproduction. Du fait d’une maturation longue et en deux temps, elle est sujette au refoulement et attire dans ce refoulement le plaisir provenant d’autres zones excitables. Cela donne l’occasion à Jacques Van Rillaer, lacanien défroqué (comme d’ailleurs l’auteur précédent), de reprocher quasiment à Freud de spéculer sur le fait que « le plaisir sexuel est un des plus intenses qui soient et intéresse la grande majorité des gens, depuis l’enfance jusqu’à un âge avancé » pour attirer le chaland vers ses théories, par ailleurs critiquées par des « psychologues et sexologues qui ont un vif intérêt pour la sexualité et en parlent sans aucun gêne. » Sans s’inquiéter de ses propres contradictions, il explique en même temps que parce qu’à son époque « on s’intéressait beaucoup aux problèmes sexuels », les Trois Essais n’avaient « rien de bien révolutionnaire ».

L’idée que les théories de Freud sont fausses mais que leur vérité était reconnue bien avant lui parcourt d’ailleurs le livre de bout en bout. Il faut le déplorer pour ses auteurs, que la contradiction ne semble pas effrayer, et qui trouvent une raison de discréditer Freud dans le fait que certaines de ses idées auraient été pressenties par d’autres. Or, ce qui compte, c’est l’ensemble du système dynamique que Freud a créé avec la psychanalyse. C’est ainsi que Jean Cottraux remarque que dans le Phèdre, Platon préfigure la seconde topique et que, plus près de nous, Janet (qu’il semble admirer) pense que « seule une petite partie des relations entre l’individu et l’environnement se déroule au niveau conscient » sans pour autant estimer que tout se ramène à la sexualité. À ses yeux, les relations entre la sexualité et certains symptômes n’existent que dans « environ trois quarts des cas ». Pourquoi alors, peut-on se demander, tant d’acrimonie si le désaccord ne porte que sur un quart des cas ? Et qui plus est, envers un précurseur, puisque, croyant apparemment faire flèche de tout bois, Cottraux n’hésite pas à proclamer dans un encadré que « Freud et surtout son élève Ferenczi peuvent être considérés comme des grands parents des TCC (Thérapies cognitivo-comportementales) modernes. »

L’un des prétextes de l’hostilité, pour ne pas dire la haine, répandue dans de nombreux passages du livre 1, serait que Freud et les psychanalystes seraient intéressés par l’argent, contrairement évidemment à l’ensemble des auteurs du livre, tous totalement désintéressés. Il est vrai que les honoraires habituels de Freud étaient relativement élevés, ce qui n’avait rien de choquant compte tenu de sa notoriété puis de sa célébrité, mais il pratiquait parfois aussi des cures gratuites, et était très généreux, ainsi que le souligne Jones 2. Dans un article qui n’honore pas son auteur, Swales doit reconnaître qu’il était « effectivement philanthrope lorsqu’il pouvait se le permettre » mais prétend sans preuve que c’était parce qu’il était « habité essentiellement de considérations matérielles » qu’il avait espéré recevoir le Prix Nobel. Il n’hésite pas à se fonder sur quelques ragots 3 pour l’accuser d’avoir « abusé de la faiblesse » de ses patients. Le fait est pourtant, de l’aveu même de l’auteur qui ne semble pas comprendre les implications de ce qu’il écrit lui-même, qu’en 1910, donc à l’âge de 54 ans, Freud, malgré sa générosité envers sa famille, était incapable de l’emmener en vacances en Italie du Sud ; et qu’en 1921, s’il se reconnaissait à l’abri des soucis financiers, ce n’était qu’ « aussi longtemps que je pourrai continuer à travailler ». Curieux aboutissement pour une existence consacrée au lucre !

Un autre des thèmes principaux est de traiter Freud de menteur, de prétendre qu’il a « fabriqué » les cas qu’il expose, et d’assurer que le traitement ne leur a pas réussi. Les auteurs font appel à nombre de publications, pour la plupart bien connues, certaines écrites par des psychanalystes qui ne pensaient probablement pas que leur travail serait ainsi récupéré, d’autres par des auteurs qui croyaient ainsi saper les fondements de cette discipline. La plupart de ces « démonstrations » tournent court, ou montrent simplement qu’au début de sa pratique analytique, Freud était inexpérimenté, s’illusionnait sur certains succès, hésitait, changeait d’avis, notamment sur la réalité de la séduction – ce qui n’est pas un scoop – qu’à la fin de sa vie, il gardait un scepticisme lucide, et que dans ses publications, par exemple sur l’Homme aux rats, il n’utilisait pas la totalité de ses notes de séance, ce que l’on savait aussi et qui n’est pas particulièrement scandaleux. Mais quand bien même, comme les auteurs du Livre noir le prétendent, Freud aurait-il fortement « arrangé » la plupart de ses études de cas, quand bien même, comme ils n’osent le soutenir, aucun de ses traitements n’aurait été un succès, cela ne changerait pas grand chose à l’idée que l’on peut avoir aujourd’hui de la psychanalyse. En effet, même si Freud a créé la psychanalyse, même si ses élaborations théoriques restent fondamentales, on peut aussi dire que, dès le Congrès de 1908, ou dès la parution du premier numéro du Jahrbuch, la psychanalyse reposait non plus uniquement sur un homme, mais sur toute une communauté. Certes, il y eut des exclusions, il y eut des scissions. Celles-ci furent rendues inévitables par des divergences fondamentales sur les bases mêmes de la conceptualisation, rendant pratiquement impossible la poursuite en commun de sa construction. Ceci ne prouve pas que la psychanalyse soit une secte, comme certains auteurs le prétendent, mais plutôt que le savoir psychanalytique n’est pas du même ordre que celui de la science « classique », comme y insistait la regrettée Élisabeth Bizouard, récemment disparue, dans un article fondamental 4. Dans ce même écrit, elle rappelait aussi que l’intuition, élément essentiel du savoir analytique, est aussi, ainsi que le montre Chalmers 5, à l’origine de nombre de découvertes scientifiques, et que celles de Copernic, Galilée, Newton, ne purent à l’origine recevoir de justification. « Les détracteurs de Copernic disposaient d’éléments qui étaient, à l’époque fondés. Deux siècles plus tard, la justification adéquate fut produite. Comment qualifier alors ces découvertes ? C’étaient, dit Chalmers, des intuitions et des métaphores. » É. Bizouard faisait notamment référence aux écrits de Popper (souvent appelé à la rescousse par les auteurs du Livre noir) et de Thomas Kuhn qui démontrent la relativité de la notion d’« objectivité » et le fait que les « théories préalables déterminent les observations et les énoncés d’expériences ».

Cette malveillance se retrouve dans de nombreux articles mais pas partout. Certains se bornent à exposer que, dans telle ou telle catégorie de cas psychiatriques, d’autres méthodes thérapeutiques, médicamenteuses ou psychothérapiques, leur paraissent plus indiquées que la psychanalyse, ce que nul psychanalyste dans son bon sens ne songerait pour sa part à contester. On peut donc dire que l’ignorance tous azimuts est la caractéristique commune des maîtres d’œuvre de l’ouvrage, malgré leur prétention à détenir la science.

Ni Freud ni les psychanalystes contemporains n’ont jamais prétendu que la psychanalyse était une indication dans tous les cas de trouble psychiatrique. Au contraire, on ne cesse de souligner que seuls certains patients peuvent en bénéficier, et en particulier de la cure-type. C’est une tout autre affaire que de penser que la psychanalyse, en tant que savoir, peut éclairer la compréhension de nombreux cas qui ne constituent aucunement des indications d’analyse et qu’elle est nécessaire à la formation des psychiatres et psychologues (qu’ils travaillent en institution ou en cabinet). L’approche psychanalytique est essentielle tant pour la compréhension des maladies mentales que dans l’organisation des organismes psychiatriques, afin qu’ils puissent jouer leur rôle de thérapeutique institutionnelle. P.C. Racamier et l’équipe de l’Association de Santé mentale du XIIIe Arrondissement de Paris, notamment S. Lebovici, R. Diatkine et P. Paumelle, ont envisagé ces éléments en détail dans leur livre Le Psychanalyste sans divan 6. Sans tomber dans une sociogénèse naïve des maladies mentales, ni dans le schéma réducteur de la « pathologie réactionnelle », d’ailleurs dénoncée dans ce livre 7, il est clair que l’influence du milieu dans lequel les patients sont soignés, surtout lorsqu’il s’agit de prises en charge au long cours, joue un rôle très important dans l’évolution des pathologies. C’est ainsi qu’il n’est nul besoin d’être psychanalyste pour observer que les patients sont tout autant capables de provoquer des crises institutionnelles que d’en subir les conséquences, mais l’approche psychanalytique est nécessaire pour aborder de façon rationnelle de telles situations, et plus généralement, pour permettre à chaque soignant d’être un aussi bon soignant que possible, sans pour cela se situer personnellement en tant que psychothérapeute 8. Quant à la psychothérapie proprement dite des patients soignés en institution, elle ne saurait en aucun cas ni suffire, ni être pratiquée, sauf rare exception, sur le modèle de la cure-type.

L’argument de la science

Un autre reproche, constamment répété dans Le Livre noir, est celui du caractère « non-scientifique » de la psychanalyse. Certains des auteurs accusent la psychanalyse d’être non-réfutable, au sens de Popper, d’autres (notamment Sulloway) la trouvent réfutable mais accusent les psychanalystes d’être de « pseudo-scientifiques ». Au contraire, les auteurs du Livre noir se gargarisent d’être, eux, de véritables scientifiques, ce que prouverait essentiellement l’ « efficacité » des traitements médicamenteux et cognitivo-comportementalistes. Il est clair que la disparition d’un symptôme (disons la phobie des araignées et des cafards, puisque c’est un exemple privilégié par Van Rillaer) se prête mieux à l’analyse statistique que l’amélioration globale et durable, portant sur le « mieux-être » global d’un individu considéré comme une personne, et non seulement comme porteur de ce symptôme. Il est faux cependant de prétendre que les psychanalystes ne se préoccupent pas de recherche, y compris dans son aspect évaluatif : c’est ainsi que la Fédération Européenne de Psychanalyse consacre très régulièrement, depuis plusieurs années, des ateliers à la recherche lors de ses conférences annuelles 9, y compris sur le plan de l’évaluation des cures analytiques et des thérapies psychanalytiques, du suivi catamnetique, de la relation entre les résultats symptomatiques et le développement du processus psychanalytique… Samuel Lepastier 10, dans le dossier consacré à la recherche d’un numéro du Bulletin de la Société Psychanalytique de Paris, montrait que « deux modes d’évaluation sont envisageables : l’un portant sur les résultats, l’autre sur les processus ». Mais, étant donné que le comportement n’est pas « un index satisfaisant des perturbations intra-psychiques », les méthodes évaluatives doivent nécessairement tenir compte des facteurs inter-subjectifs et, surtout, de ce que « les comportements ou les représentations immédiatement reconnus » ne sont pas les plus significatifs. Victor Souffir, dans le même numéro, propose une « Échelle d’évaluation pour les états psychotiques » 11 fondée sur des vecteurs issus de la psychanalyse.

Bien entendu, la recherche « évaluative » sur la psychanalyse ne saurait évincer la recherche clinique en psychanalyse. Dans ce même dossier réuni par Roger Perron 12, plusieurs auteurs posent sur le fond la question de la recherche et de la scientificité en psychanalyse. César et Sara Botella rappelent les désaccords au sein même de la communauté analytique sur la pertinence d’une recherche en dehors du cadre analytique. C’est ainsi que Peter Fonagy, en tant que président de l’IPA et sous l’égide de celle-ci, « a créé une formation de chercheurs en psychanalyse selon des critères et des idéaux d’une méthodologie des programmes », tandis qu’André Green et Peter Wolff « considèrent l’association libre et l’attention flottante en tant qu’éléments essentiels de la recherche analytique ». Par conséquent, il y a débat, mais ce débat vaut certainement mieux que la suffisance affichée par nombre d’auteurs du Livre noir qui confondent scientificité et positivisme. Van Rillaer cite à deux reprises Bachelard 13 ; il a tort, car Bachelard écrivait par exemple 14 : « la substance chimique, que le réaliste aimait à prendre comme exemple d’une matière stable et bien définie, n’intéresse vraiment le chimiste que s’il la met en réaction avec une autre matière. Or si l’on met des substances en réaction et si l’on veut recevoir de l’expérience le maximum d’instruction n’est-ce pas la réaction qu’il faut considérer ? Aussitôt un devenir se dessine sous l’être. Or ce devenir n’est ni unitaire ni absolu. Il se présente comme une sorte de dialogue entre matière et énergie… »

Ainsi, ce qui serait vrai des substances chimiques, à savoir l’importance de la réaction entre elles, ne le serait pas des êtres humains lorsque joue entre eux le transfert et le contre-transfert, et il faudrait, comme le veut par exemple Mac-millan à propos de l’interprétation des rêves, qu’existe une sorte de « pierre de Rosette » permettant une « traduction du rêve » pour échapper à l’« indéterminisme de l’interprétation et de la construction » qu’il reproche à la psychanalyse ? Par conséquent, le même reproche concernant la difficulté en analyse à dire « parmi de nombreuses interprétations plus ou moins plausibles, laquelle est vraie » pourrait a fortiori être adressé à la physique depuis que le principe d’indétermination a été formulé par Heisenberg. Cottraux 15 pense, lui, pouvoir « quantifier » non seulement les symptômes, mais les pensées ! Le Livre noir contient un texte d’Aldous Huxley, dans lequel celui-ci ironise sur les psychanalystes qui « peuvent bien se permettre de laisser tomber un sourire de pitié sur les praticiens d’autres sciences, qui pataugent dans l’univers boueux où seule une des deux possibilités d’une contradiction peut être tenue pour vraie à un moment donné ». En 1925, date de ce texte, Huxley pouvait être pardonnable d’ignorer les travaux de Louis de Broglie, publiés l’année précédente, sur la mécanique ondulatoire et la double nature de la lumière, et il écrivait plusieurs années avant les formulations de Gödel sur l’indécidabilité, mais ce n’est pas le cas des maîtres d’œuvre du Livre noir. Ils auraient d’autant mieux fait de s’abstenir de citer Huxley que beaucoup de psychanalystes montrent au contraire le plus grand intérêt pour les sciences, depuis Freud jusqu’aux contemporains. Citons par exemple les nombreux auteurs qui, avec Georges et Sylvie Pragier, se demandaient il y a quinze ans environ comment utiliser les apports de la science la plus moderne

en psychanalyse, ne serait-ce que sous forme de métaphore 16. Il est vrai qu’ailleurs dans le livre, Joëlle Proust s’imagine que les psychanalystes se contentent d’« ancrer la psychanalyse » dans des conceptions scientifiques périmées, étayées sur la science de la fin du XIXe siècle, et croit pouvoir affirmer que les neurosciences sont difficilement compatibles avec le concept de refoulement. Remarquons au passage que, peut-être sans s’en douter, elle est cependant plus proche des formulations analytiques que de celles de certains autres auteurs du Livre noir, quand elle écrit que « l’activité mentale est essentiellement inconsciente ». Certes les notions d’inconscient en psychanalyse et en sciences cognitives ne sont pas superposables, comme le montre par exemple Daniel Andler 17, notamment parce que ces dernières ne mettent pas en leur centre le sujet. Mais le même, se référant à Edelman 18, propose d’explorer l’idée d’une « fonction essentielle de la construction dans la constitution du cognitif ». Une telle piste pourrait d’après lui supposer la construction du sujet en parallèle de l’hypothèse de l’innéité de structures mentales fondamentales.

À l’inverse en effet des oukases d’exclusion, de très nombreux auteurs, qu’ils viennent de la psychanalyse d’une part, ou des neurosciences et des sciences cognitives de l’autre, travaillent avec succès à jeter des ponts entre ces disciplines. Citons Daniel Widlöcher (ancien président de l’International Psychoanalytical Association et ancien membre du Conseil de la Société des Neurosciences), Serge Lebovici, qui a introduit en clinique pédopsychiatrique le concept d’énaction 19 utilisé par les cognitivistes 20, Lisa Ouss (organisatrice en février 2005, avec le pédopsychiatre d’orientation analytique Bernard Golse d’une journée sur « Le Concept anglo-saxon de Neuro-Psychanalyse »), Nicolas Georgieff 21, parmi les premiers. Parmi les seconds citons J.-D. Vincent 22, F. Varela 23, qui depuis longtemps collabore avec des psychanalystes à des colloques de pédopsychiatrie et rejette tout réductionnisme, Daniel Andler déjà mentionné 24, M.C. Hardy-Baylé, psychiatre d’orientation cognitiviste, qui conclut par exemple un article sur « Sciences cognitives et psychiatrie » en prenant l’exemple des recherches sur le traitement de la métaphore chez le schizophrène comme susceptibles « de jeter des ponts entre les deux champs épistémologiquement disjoints que sont la psychanalyse et la neuropsychologie cognitive » 25. Par conséquent, par le sectarisme dont ils font preuve, les cognitivistes qui participent au Livre noir servent fort mal leur cause. Le Prix Nobel de Médecine américain Êric R. Kandel écrit quant à lui : « Un dialogue authentique entre la biologie et la psychanalyse est nécessaire si nous voulons atteindre une compréhension cohérente de l’esprit. » 26 Sans doute n’est-il pas assez « scientifique » pour les auteurs du Livre noir ? Un numéro de Perspectives Psy fut consacré à la fertilité des confrontations entre neurosciences et psychanalyse dès 1998, sous la direction de Nicolas Girardon 27. Marc Jeannerod, Directeur de l’Institut des Sciences Cognitives, écrit que ces sciences « peuvent constituer la base d’une biologie de l’esprit où pourrait s’intégrer la psychanalyse » 28. Serge Stoléru s’attache à « montrer comment l’approche neuro-biologique du désir sexuel humain peut être complémentaire des développements psychanalytiques » exprimés en termes de libido et de pulsions. 29

L’argument de la fermeture

D’une façon générale, l’image que la plupart des articles du Livre noir donnent de la psychanalyse et des psychanalystes est une image caricaturale, y compris dans les critiques des critiques que les psychanalystes sont censés faire aux autres thérapies. On passera sans trop de commentaires sur des articles comme celui d’Allan Hobson, qui pour un « spécialiste de l’étude des rêves », comme nous l’apprend l’introduction de l’article, donne de l’un des siens une interprétation, dont il prétend qu’elle serait celle donnée par un psychanalyste, qui ferait mourir de rire Snoopy lui-même, ou les nombreux articles de Van Rillaer, déjà cité, « ancien membre de l’École belge de Psychanalyse », qui semble avoir tellement peu compris ce que peut être le travail psychanalytique qu’on ne peut que le féliciter d’avoir renoncé à cette activité, qu’il trouve néanmoins « facile » !

Par ailleurs, il faut dénoncer le fait même de parler des « psychanalystes » comme s’ils étaient tous d’accord entre eux sur tout. Il y a évidemment un certain nombre d’idées communes qui définissent la psychanalyse, au premier rang desquels l’acceptation du rôle central des processus inconscients dans la vie psychique, ou, par exemple, le complexe d’Oedipe, (dont J. Van Rillaer croit qu’il suffit, pour invalider son existence, d’écrire, se citant lui-même pour tout potage, que « de nombreuses recherches ont réfuté la thèse de son universalité. » 30) Mais il est d’autant plus absurde de reprocher à la « communauté psychanalytique », comme le fait Sulloway déjà nommé, d’être une secte, que les désaccords entre psychanalystes sont pris par d’autres auteurs comme arguments à l’encontre de la psychanalyse. C’est ainsi que Borch-Jakobsen par exemple, trouve que l’évolution des théories analytiques ou les divergences doctrinales sont signe qu’il s’agit d’une « théorie zéro », de surcroît opportuniste… Comme si des divergences aussi capitales n’opposaient diverses écoles de cosmologie, de nutritionnistes, voire de chirurgiens à propos de la préférence à donner à telle ou telle voie d’abord… pour ne pas parler des historiens ou des économistes !

Quoi qu’il en soit, bien des psychanalystes sont infiniment plus ouverts à d’autres approches thérapeutiques que ne le sont les maîtres d’œuvre du Livre noir à la psychanalyse. C’est ainsi qu’on ne comprend pas, par exemple, ce que dans le livre le chapitre défendant l’usage des médicaments. Déjà l’introduction du chapitre reconnaît que « personne ne met en cause le bénéfice de la chimie pour des pathologies lourdes ». Par conséquent, Pelissolo s’attaque à des moulins à vent en évoquant « certains psychanalystes » qui reprochent à la chimiothérapie de supprimer le « matériel » sur lequel est basée la thérapie. Mais lui-même reconnaît que ces traitements doivent avoir des limites, et de plus qu’une thérapie structurée, « par exemple d’inspiration cognitiviste ou psychanalytique » est souvent nécessaire. Les positions sont-elles donc si éloignées ? On ne voit pas ce qui justifie l’insertion de son article dans un Livre noir, pas plus d’ailleurs que l’autre article sur la chimiothérapie, qui conclut à juste titre sur l’inutilité d’un débat « qui oppose de manière rituelle psychiatrie pharmacologique et psychothérapie d’inspiration psychanalytique ». En fait, il y a débat chez les psychanalystes, et débat très riche, non pas pour opposer ces deux approches, mais pour en préciser les indications et surtout mieux comprendre les effets des médicaments chez un patient en cure analytique ou psychothérapique 31. En réalité, il n’est pas à l’heure actuelle de psychiatre hospitalier de formation analytique qui refuse d’utiliser les thérapeutiques biologiques dans les troubles psychotiques, les troubles de l’humeur, etc. chez l’adulte. Il en va autrement chez l’enfant, en raison notamment des conséquences à distance que peut comporter la chimiothérapie sur le développement des jeunes patients. Encore cette réticence est-elle loin d’être générale et absolue. 32 On connaît par contre bien des psychiatres totalement opposés ou ignorants de la psychanalyse. Ce sont rarement les meilleurs cliniciens, même s’ils peuvent être excellents dans la taxinomie DSM ! Mais certains d’entre eux, s’ils lisent cet article, ne comprendront même pas de quoi je veux parler, si précisément pour eux aucune clinique n’existe – voire ne peut exister dans un raisonnement circulaire – en dehors de cette taxinomie ! Par ailleurs, comme le remarque Georgieff 33, « la prescription de psychotropes elle-même reste régie par des règles empiriques autant que psychopharmacologiques. »

Autre exemple, J.J. Déglon, qui dans son article sur le traitement des toxicomanes, reproche aux analystes leurs réticences vis-à-vis des « traitements de substitution ». Or certains psychanalystes sont partisans de ces traitements, qui d’ailleurs sont loin d’être toujours sans inconvénients, et donc s’en prendre aux « théories psychanalytiques » comme ayant « bloqué » le « traitement efficace des toxicomanies » donne là encore l’impression que certains ont peine à garder leur sérénité lorsque leurs pratiques sont discutées, ce qui pour des « scientifiques » est regrettable.

Contrairement à ce qu’affirme l’introduction du livre, la psychanalyse n’est pas devenue marginale en dehors de la France (et de l’Argentine). En fait les auteurs comparent des données qui ne sont pas comparables, à savoir en France le nombre de psychiatres, psychologues et psychothérapeutes « d’orientation analytique » qui, par un glissement d’un paragraphe à l’autre, deviennent tout d’un coup des « psychanalystes », et le nombre aux États-Unis de psychanalystes « qui se répartissent entre deux associations » (en fait plus que deux) et qui, selon le propre décompte de ces auteurs seraient au nombre de 6500. Un simple coup d’œil sur le « Roster » (Annuaire de l’Association Psychanalytique Internationale) aurait permis aux auteurs de constater que les analystes des deux associations françaises membres de l’API étaient en 2003 bien moins de 800. Il aurait fallu y ajouter les « cotisants » du IVe groupe (récemment éclaté), qui sont un petit nombre. Quant aux multiples groupes lacaniens, il est vrai que leurs membres sont difficilement dénombrables. Mais il faudrait distinguer ceux qui ont une réelle formation de ceux qui se contentent, sous prétexte « de ne se réclamer que d’eux-mêmes », d’afficher « psychanalyste » sur leur carte de visite, éventuellement après une courte analyse personnelle. Compter ces derniers parmi les « psychanalystes » peut équivaloir à comparer le nombre de docteurs en médecine d’un pays avec le nombre de médecins ajouté à celui des guérisseurs dans un autre pays…

Pour tout dire, nombre de reproches adressés aux « psychanalystes » en général dans le Livre noir s’adressent en fait aux lacaniens. On ne voit pas pourquoi l’ensemble des psychanalystes français devraient se sentir concernés par des propos de Lacan (quel que soit par ailleurs l’intérêt de certaines de ses élaborations théoriques) qui en qualifiant la pratique psychanalytique d’ « escroquerie » faisait certainement, dans l’esprit de « jusqu’où puis-je aller trop loin ? », une sorte d’autocritique narquoise de sa propre pratique (séances « courtes » et même ultra-courtes, dérogations les plus fantaisistes aux règles de l’analyse, sans compter le mépris à peine dissimulé dans lequel il tenait nombre de ses collègues et de ses élèves…) Il est vrai que certains de ses épigones qui affichent (à son imitation ? – mais sans avoir sa créativité ni son talent) une suffisance narcissique, qui utilisent un jargon ésotérique ou qui transforment la théorie psychanalytique en exercice mathématique, qui gardent pendant les séances un silence rompu seulement d’un calembour ici ou là, qui font croire en somme que l’arrogance ou le mépris sont des caractéristiques des praticiens de cette discipline, ont jeté en France sur cette dernière un discrédit dont il est malheureux qu’aient à souffrir l’ensemble des psychanalystes, y compris ceux des lacaniens qui n’ont aucunement ce comportement. Ce serait à ces derniers de faire le ménage ; malheureusement l’extrême éclatement de leurs groupes, en raison des scissions répétées dont Lacan a, là encore, donné l’exemple, les en empêche. De même, le reproche fait aux « psychanalystes », dans divers articles, de « culpabiliser les mères » à l’imitation de Françoise Dolto, tombe à plat. Il y a longtemps que la plupart de ceux qui

ont suivi ses excès dans ce sens ont compris leur erreur. Quant aux quelques autres, ils sont fort critiquables, tout autant d’ailleurs que les paroles ravageuses de certains obstétriciens, voire de certains pédiatres. Des mères, justement, viennent raconter, cinq ou dix ans plus tard, à un pédopsychiatre, la manière dont ces mots ont pesé sur elles et par conséquent sur leurs enfants. Est-ce pour autant une raison de discréditer globalement l’obstétrique et la pédiatrie ?

Bien entendu, on n’hésite pas dans le Livre noir à manipuler la bien-pensance contemporaine 34 contre la psychanalyse 35 et inévitablement il est reproché à Freud, « imprégné de conceptions de son temps » d’avoir considéré « …les homosexuels comme des pervers et les enfants comme des êtres que seule une solide éducation ramenait dans le droit chemin. » « Était-il malgré tout une lumière libérale dans un océan d’obscurantisme ? » s’exclame comiquement Pascal de Sutter, que son adhésion aux techniques « scientifiquement éprouvées » n’éloigne pas de pratiquer simultanément un très prudent conformisme, tandis qu’il reproche le même défaut à Freud pour n’avoir pas suivi les idées plus novatrices d’Havelock Ellis. À une époque où la confusion sémantique 36, la politisation et tout bonnement le simplisme envahissent la psychopathologie, et où par conséquent le DSM se révise sous la pression de telle ou telle association n’ayant rien à voir avec la psychiatrie, la pensée structurale de la psychanalyse est évidemment inacceptable… Mais il est bien vrai que, contrairement aux idées de Reich, de Marcuse ou de certains soixante-huitards, elle n’est aucunement une théorie de la destruction « narcissique » 37 des distinctions entre les sexes et les générations. Elle n’est pas non plus une théorie de la destruction de la Société existante, même si toutes les tyrannies, de tendance fasciste, communiste ou islamiste, ne peuvent que la voir d’un très mauvais œil.

André Green 38 rappelait que, si Freud « ne renonça… jamais à supposer l’existence de fondements biologiques aux processus psychiques », les « biologistes n’étaient pas preneurs en ce qui concerne la sexualité » ; ils n’étaient demandeurs que de neurones et de cerveaux. Or sur ce point, Freud faisait état d’un hiatus incomblable entre le cerveau et la conscience d’une part, et, en leur entre-deux, l’inconscient d’autre part. Le malentendu persiste encore aujourd’hui, les neurobiologistes n’entendant l’inconscient que sous la forme du non-conscient des mécanismes cérébraux, prêts à faire alliance avec l’inconscient des congnitivistes. Néanmoins, de nombreux neurobiologistes et cognitivistes s’efforcent, non pas nécessairement de syncrétiser leur discipline et la psychanalyse, ce qui n’est certainement pas souhaitable, mais du moins de réfléchir à la manière dont leurs champs respectifs peuvent co-exister et se questionner mutuellement.

À l’inverse, d’autres parmi eux, mais bien plus souvent des praticiens fermement retranchés dans l’utilisation des résultats de ces recherches, dont certains rassemblés autour des maîtres d’œuvre du Livre noir, n’ont rien, si l’on ose dire, appris depuis un siècle : « … Toujours pas de sexualité s’il vous plaît, en dehors du strict domaine où elle est à l’œuvre » poursuivait Green 39. C’est que la confusion persiste sur le concept de cette sexualité, de cette toujours scandaleuse Chose sexuelle 40 qui « fait accéder l’homme au statut d’être psychique », ainsi que l’exprime également André Green 41. Or, faut-il une fois de plus le rappeler, cette « psycho-sexualité » n’est pas la « pansexualité » mais bien plutôt la reconnaissance de ce qu’en dehors de la zone génitale d’autres zones corporelles, notamment orales et anales, existent des zones érogènes, c’est-à-dire génératrices de plaisir. Ces zones érogènes sont successivement investies pendant le développement de l’individu et l’existence de ces différentes pulsions sexuelles, qui font de l’enfant un pervers polymorphe selon Freud, est capitale tant dans ce développement que dans la personnalité de l’adulte et sa manière de parvenir à la sexualité génitale.

La psychanalyse, on l’a dit plus haut, repose depuis bientôt un siècle non pas sur un homme seul, sur un gourou, mais sur une communauté. Ses élaborations théoriques inspirent, en dehors même de la cure type, d’innombrables praticiens de la psychothérapie, des cures de patients psychosomatiques, du psychodrame, de la relaxation, des thérapies en groupe, de la psychiatrie institutionnelle, etc. contribuant ainsi au mieux-être d’innombrables personnes. Cette richesse témoigne de la légitimité de la place centrale de la psychanalyse, science de l’humain, dans la compréhension du psychisme, mais aussi de son caractère incontournable en tant que pratique s’adressant à l’ensemble de la personne et visant à la désaliéner, et non à se contenter de corriger telle ou telle de ses manières de « fonctionner ». Et il est vrai que cela est aussi peu mesurable que l’idée même de liberté.

Notes

1. Par exemple dans l’article du Pr Edward Shorter. Il est l’auteur, nous affirme l’en-tête, d’une « monumentale » Histoire de la psychiatrie : de l’ère de l’asile à l’ère du Prozac . L’argument d’au¬torité, reproché à Freud et aux psychanalystes, est par ailleurs constamment invoqué dans les pré¬sentations dithyrambiques des auteurs : l’un a « renouvelé l’interprétation de la psychanalyse » (sic) et « secoué l’institution psychanalytique », un second est une « autorité reconnue » dans l’histoire de la même discipline, un troisième « l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de Jung », etc. Les « comme je l’ai montré ici » ou « comme je l’ai prouvé là » sont si nombreux dans l’ouvrage qu’ils finissent par provoquer la lassitude ou le rire.
2. Jones E. (1953, 1955, 1958), La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, (3 Tomes), Paris, PUF, 1958, 1961, 1969.
3. Notamment les accusations très intéressées des épouses successives d’Horace Frink, psychiatre américain et patient de Freud.
4. Bizouard E., « Le savoir psychanalytique et l’évolution de la science », Bulletin de la Société Psychanalytique de Paris, N° 64, avril-mai 2002, 156-160.
5. Chalmers A. Qu’est-ce que la science ? Paris, La Découverte, 1978. 6. Paris, Payot, 1970.
7. sous la plume de P. Béquart, faisant référence notamment à Lebovici. 8. loc.cit. p 128.
9. Voir par exemple les compte-rendus dans Psychanalyse en Europe (Bulletin de la F.E.P.), 2005, N° 59, 143-167.
10. Lepastier S., (2002) « Prolégomènes à l’évaluation quantitative en psychanalyse », Bulletin de la Société Psychanalytique de Paris, N° 64, 2002, 161-168.
11. Souffir V (2002), loc. cit., 181-184.
12. Perron R. (2002), loc. cit ;« La question de la recherche en psychanalyse / sur la psychanaly¬se », 147-190.
13. pp ; 223 et 433.
14. Bachelard G., (1940), La philosophie du non, Paris, P.U.F.
15. P. 344.
16. Pragier, G., Faure-Pragier, S. (1990), « Un siècle après l’“esquisse” : Nouvelles métaphores ? Métaphores du nouveau », in Revue française de psychanalyse, t. LIV, n° 6 : Psychanalyse et sciences ; Nouvelles métaphores, Paris, PUF.
17. Andler D. « L’inconscient et autres oublis. Une note sur l’importation d’idées freudiennes dans les sciences cognitives », in P. Fédida & D. Widlöcher, dir., Actualité des modèles freudiens, PUF, 1995, pp. 75-89.
18. Edelman G.M. (1989), The Remembered Present. A Biological Theory of Consciousness. New York, Basic Books.
19. Lebovici S. (1998), L’arbre de vie, (Glossaire), Paris Érès.
20. Notamment Varela, cf. infra.
21. Georgieff N. (2004), Qu’est-ce que la schizophrénie ? Paris, Dunod.
22. Vincent J.-D. (1995), Biologie des passions. Paris, Odile Jacob.
23. Varela F. (1995), « Quels ponts pour quelles approches », Journal de la Psychanalyse de l’Enfant, I4, 313-337. et (1997) : Sciences cognitives et psychanalyse Invitation aux sciences cognitives, Paris, Le Seuil.
24. loc. cit.
25. Hardy-Baylé M.C. (2002), « Sciences cognitives et psychiatrie », L’ Évolution psychiatrique 67, N° 1, 83-112.
26. Kandel E.R. (2002), « La biologie et le futur de la psychanalyse : un nouveau cadre de travail pour une psychiatrie revisitée » L’ Évolution psychiatrique 67, N° 1, 40-82. 27. Girardon N. (1998),« Entre neurones et psychanalyse : une histoire de transmissions ? » Perspectives Psy, 37, N° 2, 84-85.
28. Jeannerod M. (1998), « Psychanalyse et biologie » Perspectives Psy, 37, N° 2,91-95.
29. Stoléru S. (1998) « L’émergence des neurosciences affectives » Perspectives Psy, 37, N° 2, 96¬105.
30. p. 240.
31. Voir notamment tout un numéro de la Revue française de psychanalyse consacré à ce problème (N° 2, 2002).
32. Voir Golse B. et Zigante F. (2002), « L’enfant, les psychotropes et la psychanalyse », Revue fran¬çaise de psychanalyse, 66, (2), 433-446.
33. loc. cit.
34. Qui devient si prégnante qu’il faut bien lui trouver un petit nom. Je propose pour ma part le « Polcor ». Voir G. Gachnochi (2005), « L’Emprise du politiquement correct », in : L’inconscient, politiquement correct ?, Association Clermontoise de Recherche, d’Enseignement et de Formation en Psychologie, à paraître.
35. Ce qui lui a valu les sympathies du Nouvel Observateur, parangon du « Polcor » français et grand pourchasseur de la pensée déviante, qui lui a immédiatement consacré un dossier.
36. d’où notamment la méprise sur le mot de perversion, qui doit évidemment être pris sous son sens étymologique et non en y mettant une connotation moralisatrice. 37. Voir la nouvelle édition de Grunberger B. et Chasseguet-Smirgel J. (2004), L’univers contesta¬tionnaire, Paris, In Press.
38. Green A. (1998), « Vers un armistice ? » (Éditorial du dossier sur « Neurosciences et psycha¬nalyse ») Perspectives Psy, 37, n° 2, 81-83.
39. Ibid.
40. voir La chose sexuelle, (1984) Nouvelle Revue de Psychanalyse, N° 29.
41. Green A. (1982), « Après coup, l’archaïque » Nouvelle Revue de Psychanalyse, N° 26, 195¬215.


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