Manfred
Gerstenfeld est consultant auprès de gouvernements, d'institutions
internationales et de grandes entreprise comme spécialiste
en stratégie des firmes. Il est aussi président
du conseil d'administration du Centre de Jérusalem pour
les affaires publiques. Il a écrit de plusieurs ouvrages
dont Les habits neufs de l'antisémitisme en Europe en collaboration
avec Shmuel Trigano, Israel and Europe: An Expanding Abyss? Et
Europe's Crumbling Myths: The Post-Holocaust Origins of Today's
Anti- Semitism.
Les
relations entre l’Europe et Israël sont complexes et
historiquement chargées. Les divergences politiques se
sont progressivement intensifiées au cours des dernières
décennies, bien qu’on ait assisté à
des revirements temporaires de cette tendance, par exemple après
les accords d’Oslo de 1993 et les accords de Wye de 1998.
De même, après le désengagement israélien
de Gaza en août 2005, l’Union européenne a
émis quelques propos amènes sur Israël. De
nombreux observateurs s’interrogent sur la durée
d’une telle attitude. Bien peu croient à un renversement
durable de la tendance qui a prévalu pendant des décennies.
Alors
que les relations politiques se sont progressivement détériorées,
dans des domaines comme le commerce, la science, la culture et
le sport, les relations entre l’Europe et Israël se
sont développées et n’ont été
affectées que de façon limitée par les différends
politiques.
Lorsqu’on
procède à une évaluation des relations israélo-européennes,
il est erroné de tenter d’établir une moyenne
générale des divers domaines. Le tort profond causé
à Israël par l’Europe dans le domaine politique
peut continuer à poser des problèmes tels qu’ils
domineront progressivement tous les autres aspects de cette relation.
L’incessante
critique discriminatoire que réserve l’Union européenne
à Israël indique que les problèmes résultent
d’abord et surtout des caractéristiques de l’Europe,
de son histoire et de sa conception du monde. Le sujet étant
trop complexe pour être analysé intégralement
et avec concision, on peut tout au plus en examiner l’un
des principaux paradigmes.
Les
trois grandes erreurs stratégiques de l’Europe d’après-guerre
L’analyse de cette relation et de la façon dont les
grandes erreurs stratégiques commises par l’Europe
au cours des dernières décennies ont exercé
un impact sur Israël s’avère particulièrement
révélatrice. À l’instar de toutes les
autres entités politiques, l’Europe a commis de nombreuses
erreurs au cours de son histoire d’après-guerre.
Un indice majeur des caractéristiques structurelles du
continent réside dans le fait que, pendant la Seconde Guerre
mondiale, l’Europe démocratique, à l’exception
du Royaume-Uni, fut incapable de résister à l’agression
nazie. Pas plus qu’elle ne fut capable de se libérer
sans le soutien déterminant des Américains et les
efforts considérables déployés par les Russes.
Dans
l’après-guerre, trois grandes erreurs stratégiques
de l’Europe ressortent nettement. Toutes affectent la relation
israélo-européenne et certaines exercent également
une influence décisive sur la situation actuelle des Juifs
dans les sociétés européennes. L’une
de ces grandes erreurs fut la réticence à assumer
la prise en charge de sa propre défense, autant qu’elle
le pouvait, contre le totalitarisme communiste. L’Europe
fut contrainte de compter, dans une certaine mesure, sur les États-Unis
– pour bénéficier du bouclier atomique –
mais elle n’investit pas de véritable effort pour
réduire cette dépendance, alors que vers la fin
des années 1950 et, de toute évidence dans les années
1960, elle possédait la plupart des conditions de base
pour assumer une plus grande part des frais de sa propre défense.
Sur
le plan démographique, l’Europe occidentale était
suffisamment peuplée pour résister au bloc soviétique.
Elle ne souffrait pas non plus, dans cet affrontement, de contraintes
économiques. Le produit national brut y était bien
plus important que celui du bloc communiste. Les capacités
technologiques l’emportaient de loin sur celles de l’Union
soviétique et de ses satellites. Si le communisme et l’Union
soviétique se sont effondrés au cours des années
1980, le mérite en revient largement à la pression
exercée par les États-Unis, en particulier sous
la présidence de Reagan. Les efforts de l’Europe
occidentale, destinés en grande partie à apaiser
les régimes totalitaires, n’ont joué aucun
rôle dans ce processus.
La
guerre yougoslave
La
tiédeur de l’attitude européenne vis-à-vis
de sa propre défense a entraîné de multiples
conséquences. Des indices déterminants montrent
que la tendance à dépendre d’autrui a profondément
imprégné le mode de fonctionnement de l’Europe.
Durant les guerres yougoslaves du milieu des années 1990,
l’échec s’est avéré patent. Des
centaines de milliers d’Européens ont été
massacrés par d’autres Européens, sous les
yeux d’une Europe occidentale passive, alors que les partis
d’opposition en Yougoslavie étaient loin de posséder
des armées invincibles.
En
1993, dans l’enclave bosniaque de Srebrenica, le général
français Philippe Morillon donna des garanties à
la population locale – au nom de l’ONU – assurant
que la ville leur offrait un abri sûr. L’Europe ne
manifesta aucune détermination à respecter cette
promesse. Lorsque les Serbes bosniaques conquirent la ville en
1995, le gouvernement néerlandais donna l’ordre à
ses soldats – l’unique contingent onusien présent
dans la ville – de s’enfuir, plutôt que de tenter
de protéger la population locale, si limitées que
fussent ses possibilités. On estime que 7 500 bosniaques
furent massacrés.
Pour
mettre fin à la guerre dans une Yougoslavie en pleine décomposition,
l’Europe eut à nouveau recours, massivement, à
l’aide des États-Unis. Des centaines de milliers
d’Européens victimes des épurations ethniques
devinrent cependant des réfugiés ; ils le demeurent
jusqu’à aujourd’hui. Plus récemment
encore, l’Europe s’est avérée incapable
de défendre les Serbes du Kosovo.
Le
peu d’intérêt manifesté depuis longtemps
à l’égard des menaces terroristes émanant
du monde musulman et de ressortissants des communautés
musulmanes locales est lié à sa faible résistance
et à sa conception de l’apaisement. Comment peut-on
attendre de gens qui furent peu enclins à prendre en charge
leur propre défense contre le communisme qu’ils se
montrent disposés à prendre les énergiques
mesures préventives qui s’imposent pour réduire
les risques d’attentats terroristes ?
Conséquences
négatives pour Israël
Ce
fiasco stratégique majeur de l’Europe a eu de graves
conséquences pour Israël. De nombreux Européens
se sont montrés parfaitement incapables de comprendre les
besoins actuels d’Israël en matière de défense.
C’est là un autre aspect de l’état d’esprit
européen lié à son incapacité passée
à comprendre les enjeux de sa propre réalité
militaire face à l’Union soviétique.
Quelle
compréhension de la sécurité d’Israël
peut-on attendre de l’actuel gouvernement socialiste suédois
? Ce pays n’a pas connu de guerre depuis plusieurs centaines
d’années. Lorsque l’Allemagne nazie dominait
l’Europe, la Suède a collaboré avec elle.
Le pays devint un refuge pour les criminels de guerre nazis après
la guerre, et aucun n’y a été traduit en justice.
Les Suédois n’ont pas non plus jugé leurs
volontaires nazis passés au service des Allemands 1.
Au
cours des années 1970 et 1980, le premier ministre socialiste
Olof Palme ne cessa de temporiser avec l’Union soviétique
et d’apaiser d’autres dictatures. Il ne fut même
pas suffisamment réaliste pour se faire accompagner en
permanence d’un garde du corps ; cela facilita son assassinat
en 1986. Alors que les autorités suédoises exprimèrent
systématiquement leur opinion sur la façon dont
Israël devrait se comporter, elles se montrèrent par
ailleurs si incompétentes qu’elles ne furent pas
capables de traduire en jugement l’assassin de Palme.
Même
à l’heure actuelle, les indices d’incompétence
des autorités suédoises ne manquent pas dès
lors qu’il est question de relever un véritable défi.
De nombreux Suédois ont été tués ou
blessés en Asie du sud-est lors de la catastrophe provoquée
en décembre 2004 par un tsunami. Le gouvernement suédois
s’est cependant montré particulièrement lent
à acheminer les secours. On peut déduire de cet
exemple que si les Suédois étaient confrontés
à des défis de l’ampleur de ceux d’Israël,
il est hautement improbable qu’ils sauraient y faire face.
Quelle
compréhension de la réalité israélienne
peut-on attendre du gouvernement socialiste espagnol du premier
ministre José Luis Rodriguez Zapatero ? Arrivé au
pouvoir à la suite du grand attentat terroriste perpétré
à Madrid le 11 mars 2004 et de l’incapacité
du gouvernement conservateur sortant de gérer alors la
communication sur l’événement, Zapatero s’est
empressé de retirer d’Irak les forces espagnoles.
Ce fut là l’un des pires actes d’apaisement
du terrorisme de la part des Européens, dans l’après-guerre.
Jusqu’à présent, cette attitude semble avoir
été payante, bien qu’il soit peu probable
qu’elle le soit longtemps.
Pourtant,
a priori, les conditions pour perpétrer un attentat de
grande envergure paraissaient bien plus difficiles pour les terroristes
en Espagne qu’en Israël. L’Espagne n’était
pas confrontée à une infrastructure terroriste très
développée située à quelques kilomètres
seulement dans un territoire favorable aux terroristes, à
savoir celui de l’Autorité palestinienne. C’est
également un pays qui a accumulé de l’expérience
dans la lutte contre le terrorisme de type basque. L’Espagne
n’a cependant pas su éviter les attentats de Madrid,
alors qu’Israël a, jusqu’à présent,
déjoué d’innombrables attentats de grande
envergure. Cette comparaison est une autre indication de l’incompétence
des gouvernements européens lorsqu’ils sont confrontés
à un défi majeur.
Srebrenica
et Israël
Systématiquement,
pendant de nombreuses années, les principales strates de
la société néerlandaise – notamment
le gouvernement, le Parlement, la famille royale, l’armée,
les médias et les intellectuels – n’ont pas
su appréhender le problème de Srebrenica de façon
responsable. La conclusion principale du rapport officiel, publié
sept ans après les événements, concernant
ce que savait le gouvernement lorsqu’il décida de
retirer les soldats néerlandais de la ville, est elle-même
fausse 2.
La
critique néerlandaise face à la dramatique indignité
des Pays-Bas dans cette affaire fut bien plus clémente
que celle qui est fréquemment réservée à
Israël 3. Les critiques de ce dernier type se poursuivent
sans vergogne même après qu’ait été
largement exposé l’échec total des Pays-Bas
confrontés au défi bien plus limité posé
par Srebrenica.
Le
système deux poids, deux mesures, adopté par les
Pays-Bas est devenu encore plus flagrant lors des événements
qui ont suivi l’assassinat du réalisateur néerlandais
Theo van Gogh par l’extrémiste musulman Mohammed
Bouyeri, début novembre 2004. Dans les jours qui suivirent,
il y eut, aux Pays-Bas, davantage de tentatives d’incendies
criminels contre des mosquées qu’Israël n’en
avait connues au cours de son histoire.
Le
gouvernement néerlandais déclara alors qu’il
combattrait le terrorisme par tous les moyens. Quelques jours
plus tard, le premier ministre Jan Peter Balkenende et la reine
des Pays-Bas adressèrent des condoléances à
Suha Arafat, la veuve de l’homme qui aurait probablement
remporté la palme si un concours avait été
organisé pour élire « le terroriste du siècle
».
Dépendance
énergétique
La
réticence de l’Europe à affronter elle-même
ses problèmes de défense autant qu’elle le
pourrait et à compter bien plus qu’il n’est
nécessaire sur les États-Unis, a considérablement
influencé sa façon d’envisager les choses.
L’Europe s’est ainsi mentalement préparée
à une dépendance encore plus marquée à
l’égard d’autrui, en l’occurrence le
monde arabo-islamique et son pétrole. Alors que les Américains
étaient les alliés naturels des Européens,
des groupes entiers de populations des producteurs de pétrole
du Moyen-Orient sont, idéologiquement, leurs adversaires.
Cette
dépendance excessive a constitué la deuxième
grande erreur stratégique de l’Europe d’après-guerre.
Durant la majeure partie de l’après-guerre, non seulement
l’Europe était assez riche et disposait de la technologie
nécessaire pour prendre en charge l’essentiel de
sa défense contre l’Union soviétique et le
communisme, mais elle avait également les capacités
financières et techniques susceptibles de réduire
sa consommation de pétrole bien plus qu’elle ne le
fit. Cette mesure aurait atténué sa dépendance
à l’égard du monde arabo-musulman. L’Europe
manquait cependant de volonté pour allouer les ressources
suffisantes au développement de sources d’énergies
de substitution. Elle n’investit pas non plus d’efforts
suffisants pour utiliser l’énergie de façon
plus efficace. On entend actuellement, de plus en plus souvent,
des opinions selon lesquelles il est moins sûr pour les
Européens de compter sur le pétrole des dictatures
arabes ou islamiques que de dépendre de l’énergie
nucléaire. Le temps le dira, mais alors, il pourrait bien
être trop tard.
Le
bouc émissaire de l’Europe
Pour
Israël, les principales conséquences négatives
de la deuxième grande erreur stratégique de l’Europe
sont évidentes. La dépendance excessive de l’Europe
à l’égard du pétrole des pays arabes
et de l’Iran a créé des relations arabo européennes
dans lesquelles Israël est souvent devenu un bouc émissaire
politique. Depuis des décennies, la France est en tête
de cette approche hostile.
Cette
attitude française consistant à améliorer
sa propre position dans les pays producteurs de pétrole
du Moyen-Orient, au lieu de réduire sa dépendance
à leur égard, a causé du tort non seulement
à Israël, mais à l’ensemble du monde
occidental. En 1977, le président français Valéry
Giscard d’Estaing a donné asile à l’ayatollah
Khomeiny, lui conférant par là même une respectabilité
internationale. Les Français ont ainsi pavé la voie
au premier État musulman intégriste qui a ensuite
exporté à l’étranger aussi bien le
terrorisme que des appels au meurtre sous la forme de fatwas.
La
France fut également la principale instigatrice de la Déclaration
de Venise de 1980 par laquelle l’OLP fut reconnue par l’Union
européenne, et ce, en dépit du fait que sa charte
appelait à la destruction d’Israël. En vue de
complaire au monde arabe aux Nations unies, la France s’est
montrée particulièrement active dans l’élaboration
des dossiers anti-israéliens de l’Europe.
Les
attaques déclenchées contre Israël ont été
liées de différentes façons aux attaques
lancées contre les Juifs. De nombreux experts affirment
que la position anti-israélienne de la France a joué
un rôle majeur dans le développement de l’infrastructure
de l’antisémitisme en France. Dans un rapport de
2004, préparé à la demande du ministre français
de l’Intérieur – aujourd’hui premier
ministre – Dominique de Villepin, Jean-Christophe Rufin,
spécialiste des droits de l’homme, a relié
explicitement l’antisémitisme à l’état
d’esprit anti-israélien prévalant dans ce
pays : « Il n’est pas concevable aujourd’hui
de lutter efficacement en France contre l’antisémitisme
dans ses formes nouvelles sans tout tenter pour rééquilibrer
l’appréciation par l’opinion publique de la
situation au Moyen-Orient 4. »
Un
nouveau mythe européen
Il
fallut alors rationaliser, sur le plan psychologique, la servilité
politique européenne à l’égard du monde
arabe. Cette rationalisation a conduit à la fausse affirmation
de nombreux Européens selon laquelle le terrorisme islamique
radical contre l’Occident ne cesserait ou, du moins, ne
serait aisément vaincu, que si le conflit israélo-palestinien
était résolu. Ce nouveau mythe, devenu partie intégrante
du mode de pensée de l’Europe, aboutit à une
chimère : une fois la paix israélo-palestinienne
instaurée et les Américains partis d’Irak,
l’Europe pourra vivre tranquillement, avec un approvisionnement
en pétrole sans problème, à un prix raisonnable
et sans s’inquiéter des terroristes islamistes.
L’un
des instigateurs de ce mythe est le ministre espagnol des Affaires
étrangères, le socialiste Miguel Angel Moratinos.
Après les attentats à la bombe de Madrid, il déclara
que les terroristes d’al-Qaeda et ceux qui avaient attaqué
l’Espagne ne pourraient être vaincus que lorsque le
conflit israélo-palestinien serait résolu 5. Cette
fuite devant les réalités suppose qu’un événement
unique pourrait diminuer de façon significative le phénomène
complexe et tenace du terrorisme musulman, lequel comporte de
nombreux éléments religieux et idéologiques.
Tentant
d’expliquer les origines profondes des attentats terroristes
de juillet 2005 à Londres, le premier ministre britannique
Tony Blair a, lui aussi, mentionné le Moyen-Orient, c’est-à-dire
le conflit palestinien, parmi les causes de la violence. Il fallut
attendre plusieurs jours avant qu’il ne corrige quelque
peu sa déclaration en déclarant que le terrorisme
résultait d’une idéologie néfaste dont
l’Arabie saoudite était une source majeure 6.
La
paix au Moyen-Orient stimulant le terrorisme
Un
accord de paix israélo-palestinien, si improbable soit-il,
pourrait tout à fait stimuler encore davantage le terrorisme
musulman radical dans le monde entier. Les montants aujourd’hui
fournis par les bailleurs de fonds musulmans aux terroristes palestiniens
pourraient alors être réaffectés dans d’autres
pays. Il existe un autre argument en faveur de cette thèse
: les islamistes considèrent une paix israélo-palestinienne
comme un échec politique. Comme leurs capacités
mondiales à provoquer des ravages n’en seraient pas
atteintes, ils rechercheraient ailleurs une compensation à
leur défaite. Le troisième argument a à voir
avec les terroristes palestiniens. En général, lorsqu’un
marché terroriste intérieur s’affaiblit, on
cherche de nouveaux marchés d’exportation. À
l’avenir, de
R
nombreux terroristes palestiniens –aujourd’hui occupés
à des actes criminels
près
de chez eux – pourraient se redéployer dans le monde
comme ils l’ont fait pendant des dizaines d’années
avant les accords d’Oslo. Ils pourraient aussi disposer
de davantage de temps pour former à nouveau des terroristes
de plusieurs pays comme le fit l’OLP lorsqu’elle possédait
des bases au Liban avant la guerre de 1982.
L’hypothèse
de Moratinos, partagée par nombre d’autres personnes,
occulte la nature de l’islam radical, lequel n’a pas
pour objectif ultime la paix israélo-palestinienne, mais
considère la démocratie occidentale comme un ennemi
mortel et une cible privilégiée. Ce dernier point
renforce l’idée qu’un accord de paix pourrait
devenir pour les islamistes un défi majeur. Ce que l’Occident
considère comme un succès politique déterminant,
n’aboutirait ainsi à rien tant que les menaces des
islamistes continueront à peser.
Les
musulmans radicaux sont impliqués dans de nombreux conflits
armés du monde, qu’il s’agisse, en Asie du
sud-est, du terrorisme contre les chrétiens en Indonésie
et aux Philippines ou de celui que subissent les bouddhistes en
Thaïlande. Au Soudan, un gouvernement musulman soutient des
bandes armées qui perpètrent un génocide
contre des centaines de milliers de membres de tribus noires –
elles-mêmes musulmanes. En Irak, ceux qui assassinent des
musulmans, armés ou civils, sont souvent d’autres
musulmans. En Arabie saoudite, des musulmans extrémistes
se livrent à des attaques contre des civils. D’autres
sont responsables d’attentats terroristes d’envergure
contre les États-Unis et l’Europe, par exemple, ceux
du 11 septembre à New York et à Washington, ceux
de Madrid en mars 2004 et ceux de juillet 2005 à Londres.
Le
meurtre de Theo van Gogh dans une rue d’Amsterdam constitue
le paradigme d’une menace d’un autre type que font
peser les musulmans radicaux sur la société occidentale.
Né aux Pays-Bas, l’assassin était, jusqu’à
ces dernières années, un modéré, bénévole
dans un centre communautaire. Il a apparemment agi de son propre
chef. À la fin de l’année 2004, les services
secrets néerlandais (AIVD) indiquèrent qu’il
existait dans le pays jusqu’à cinquante mille musulmans
extrémistes ou psychologiquement susceptibles de le devenir
7. Les terroristes responsables de l’attentat-suicide à
la bombe à Londres étaient eux aussi des extrémistes
musulmans nés et éduqués en Grande-Bretagne.
Ignorer
la réalité
De
nombreux Européens préfèrent néanmoins
toujours ignorer que l’islam radical est un mouvement totalitaire
et en partie apocalyptique. Les esprits prudents estiment qu’au
moins 5 % des musulmans du monde sont des islamistes. Et leurs
sympathisants sont nombreux. Si l’islamisme compte d’autres
« succès » terroristes, un grand nombre de
musulmans lui apporteront vraisemblablement leur soutien.
À
l’instar du national-socialisme et du communisme, l’islam
extrémiste aspire à la domination mondiale. L’Occident
a apaisé les nazis et l’a payé très
cher. L’Occident a tenu tête aux communistes et a
payé un prix relativement faible, bien que ce ne soit pas
le cas pour d’autres. Les deux grands régimes communistes
en Union soviétique et en Chine n’ont probablement
pas assassiné moins de personnes que les Allemands, les
Autrichiens et leurs alliés, mais ils l’ont fait
dans leur propre sphère d’influence. Plus on apaise
des régimes totalitaires, plus le prix à payer est
élevé. Plus l’Occident s’accommode de
l’islam extrémiste, plus son attitude risque d’intensifier
les attentats et d’être interprétée
comme un succès par un nombre croissant de musulmans.
Du
point de vue d’Israël, l’espoir demeure dans
certains pays. Dans l’ensemble, la réaction néerlandaise
au meurtre de Van Gogh fut très différente de celle
de l’Espagne. Dans son rapport sur les menaces que fait
peser l’extrémisme musulman, l’AIVD déclare
que les groupes islamiques extrémistes ont pour objectif
idéologique majeur de prendre pour cible la vie quotidienne
en Occident et de se confronter à une prétendue
domination politique, économique et culturelle occidentale
8. Ce rapport ne tente pas de s’abriter derrière
la thèse de ceux qui cherchent à s’évader
du réel en affirmant que le problème de l’extrémisme
musulman serait atténué, voire disparaîtrait,
en cas de signature d’un accord de paix entre Israéliens
et Palestiniens 9.
Rejeter
la responsabilité sur les autres
La
troisième grande erreur stratégique commise par
l’Europe réside dans son attitude à l’égard
de l’immigration au cours des dernières décennies.
Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui ne comprennent
pas les origines profondes et les conséquences de l’attitude
de l’Europe problématique à l’égard
d’une petite minorité, les Juifs 10. S’ils
avaient compris qu’en dépit de la présence
des Juifs sur le continent depuis plus d’un millier d’années,
de nombreux Européens les considèrent encore comme
« autres », ils auraient réfléchi à
la nature et à l’ampleur d’une immigration
en grande partie musulmane. Bien que non identiques, les attitudes
européennes à l’égard de « l’autre
» juif et de « l’autre » musulman sont
liées.
L’absence
d’autocritique de la part de l’Europe l’a fréquemment
conduite à rejeter la responsabilité de ses problèmes
sur les autres. L’anti-américanisme si répandu
en Europe est l’une de ses manifestations, comme l’est
aussi la critique excessive d’Israël 11. La réticence
à affronter leurs propres erreurs rend les gens plus disposés
à en commettre de nouvelles.
de
meurtre des Juifs, l’Europe a appris sur elle-même
bien moins que ne le prétendent nombre de ses citoyens.
Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des pays libérés
des occupants allemands/autrichiens, ont élaboré
des mythes sur leur comportement pendant la guerre. L’un
d’eux a consisté à amplifier l’importance
de leur résistance nationale au régime nazi.
Pour
comprendre la nature problématique de l’attitude
continue de l’Europe à l’égard des Juifs,
il ne faut pas nécessairement porter ses regards sur l’Allemagne.
Pendant la guerre, les nazis comptèrent de nombreux collaborateurs
dans les différents pays européens qu’ils
occupaient. Dans les années qui suivirent la Seconde Guerre
mondiale, les gouvernements démocratiques d’Europe
perpétuèrent de diverses manières les discriminations
à l’encontre des Juifs 12.
La
Norvège démocratique d’après-guerre
en offre un exemple poussé à l’extrême
13. Les négociations sur les restitutions de la dernière
décennie ont également mis à jour de nombreux
exemples de la façon dont d’autres hommes politiques
démocratiques de l’Europe d’après-guerre
maltraitèrent les Juifs 14. On sait peu cependant qu’en
Europe, de nombreux « démocrates » opposants
aux nazis ne souhaitaient pas non plus que les Juifs reviennent
en citoyens égaux dans leur pays après la guerre
15.
L’incapacité
d’intégrer
Une
attitude plus réaliste sur la question de l’immigration
musulmane aurait nécessité de prendre en compte
le fait que l’Europe s’était montrée
incapable d’intégrer complètement environ
1 % de sa population sur une période de plusieurs siècles,
malgré le désir de nombreux Juifs de s’assimiler
entièrement ou de s’intégrer en conservant
leur spécificité sans toutefois chercher à
l’imposer à toute la société.
Si
les dirigeants européens avaient mieux compris la «
condition juive » dans leurs pays respectifs, ils auraient
su en effet juger ce que leur attitude tendancieuse à l’égard
des Juifs révélait de leur culture et de leur état
d’esprit. Bien au contraire, le mythe selon lequel l’Union
européenne était une entité multiculturelle,
charitable et humaniste, composée de sociétés
où règnent la justice et le droit se répandit.
Dans
cet état d’esprit, l’Europe occidentale a laissé
immigrer plusieurs dizaines de millions de musulmans en quelques
décennies. Bon nombre sont bien plus étrangers à
la culture européenne que ne l’étaient les
Juifs. Bon nombre aussi sont loin de vouloir s’intégrer.
Un petit nombre aspire au renversement par la violence de sociétés
qui les ont accueillis, pour les remplacer
par
une société islamique. Certains, comme les auteurs
d’attentats-suicides qui se sont fait exploser à
Londres, sont prêts à sacrifier leur vie dans ce
but.
L’intégration
totale d’immigrants est souvent un processus d’adaptation
se déroulant sur plusieurs générations. Le
fait qu’il ne se produise pas en une seule génération
ne doit pas nécessairement être considéré
comme un dysfonctionnement de la société d’accueil
ou des immigrants. C’est un échec dramatique cependant
lorsqu’une part considérable des immigrants de la
deuxième ou de la troisième génération
s’avèrent être plus problématiques que
ceux de la première 16.
Non
seulement, on assiste à d’importants phénomènes
de radicalisation parmi les musulmans européens de la deuxième
et de la troisième génération, et peu d’analystes
s’attendent, à l’avenir, à un déclin
du nombre de personnes subissant l’influence de l’islam
radical.
La
cible juive
Les
Juifs furent les premiers à ressentir les conséquences
de cette grande erreur politique. L’immense majorité
des actes antisémites violents en Europe sont perpétrés
par des jeunes issus des communautés musulmanes immigrantes,
souvent, mais pas exclusivement, d’Afrique du Nord. En clair,
si politiquement incorrect que ce soit : sans la grande immigration
musulmane, le nombre d’agressions violentes perpétrées
à l’encontre des Juifs en Europe eut été
bien plus réduit. Tout comme les actes d’intimidation.
Les
gouvernements européens ne peuvent l’admettre sans
réserve, parce que cela attirerait encore davantage l’attention
sur leur éventuelle erreur cruciale : avoir laissé
pénétré une immigration aussi importante,
en partie hostile. L’Europe ne peut non plus l’admettre
totalement parce que les partis politiques ont besoin des voix
de ces populations lors des élections. L’immigration
musulmane de masse en Europe a exercé un impact extrêmement
négatif, aussi bien sur les relations israélo-européennes
que sur le contexte ambiant des communautés juives.
Cela
se manifeste de plusieurs façons. En ce qui concerne les
relations israélo-européennes, l’attitude
négative envers Israël est devenue un instrument servant
à attirer les voix musulmanes dans les campagnes électorales.
On se souvient de la fameuse recommandation du conseiller du parti
socialiste, Pascal Boniface, suggérant à son parti
d’adopter une position encore plus pro-palestinienne pour
attirer les électeurs musulmans.
Le
désir de ne pas s’aliéner d’éventuels
électeurs musulmans lors des élections présidentielles
françaises de 2002 a également exercé un
impact sur les Juifs du pays. En dépit des agressions répétitives
perpétrées contre des Juifs au
Jacques
Chirac, ont tenté pendant longtemps de cacher au public
ce phénomène et ses aspects racistes. Exemples convaincants
à l’appui, Shmuel Trigano a montré que la
communauté juive fut priée par le gouvernement socialiste
de ne pas donner trop de publicité à la recrudescence
des agressions antijuives afin de ne pas jeter « de l’huile
sur le feu ». Il ajoute que, jusqu’à aujourd’hui,
les Juifs « … se souviennent toujours des propos d’Hubert
Védrine, l’ancien ministre socialiste des Affaires
étrangères, répétés depuis
sous diverses formes par un certain nombre d’hommes politiques
: “il n’y a pas forcément à être
choqué [du fait] que de jeunes Français issus de
l’immigration éprouvent de la compassion pour les
Palestiniens et soient dans tous leurs états en voyant
ce qui se passe 17’’. »
À
la fin de l’année 2004, Mike O’Brien, ministre
britannique de l’Énergie et député
travailliste, écrivit dans le Muslim Weekly : « Lorsque
Américains et Israéliens refusaient de négocier
avec Yasser Arafat, Tony Blair m’envoya rapidement, en tant
que ministre des Affaires étrangères, rendre visite
à Yasser Arafat à la Moukata à Ramallah pour
l’assurer que nous ne l’avions pas abandonné.
Le message de Tony était clair : nous travaillerons avec
le chef élu des Palestiniens, même si les Américains
ne le font pas. Sur la question de l’élimination
des dirigeants du Hamas, Jack Straw, ministre des Affaires étrangères,
fut le premier homme politique occidental à condamner les
actes d’Israël 18. »
L’historien
belge Joël Kotek affirme : « Les hommes politiques
belges poussent à l’extrême leur antisionisme,
parce qu’ils estiment qu’ainsi, outre le fait d’obtenir
des voix, ils peuvent aussi acheter la paix de la société
avec les musulmans. » Il mentionne également le fait
que, par opportunisme, les hommes politiques nient l’antisémitisme
musulman : « L’actuel dirigeant des socialistes wallons,
Elio di Rupo, est… plongé dans la vague pro-arabe.
Jusque dernièrement, il niait qu’il existe un antisémitisme
arabe, non parce qu’il le croyait, mais parce qu’il
estimait que cela l’aiderait à demeurer au pouvoir
19. »
L’hostilité
musulmane
En
ce qui concerne les Juifs dans leur environnement européen,
la présence musulmane croissante est responsable d’une
grande partie des agressions verbales et physiques à leur
encontre. On trouve dans cette communauté d’immigrants
un nombre considérable de personnes animées d’un
racisme farouche. Ce phénomène est confirmé
par les experts de nombreux pays. L’historien Georges Bensoussan
écrit qu’en 2002, sur 77 personnes arrêtées
pour violence antijuive en France, 55, soit environ 75 %, étaient
d’origine maghrébine. Dans
ses
publications, il fournit les détails de nombreuses agressions
perpétrées contre des enfants juifs par des enfants
musulmans dans les écoles françaises 20.
Le
CIDI, organisation juive de défense aux Pays-Bas, rapporte
à propos des agressions perpétrées contre
des Juifs dans ce pays : « Un nombre considérable
d’agresseurs sont d’origine nord-africaine. En 2003,
lors des incidents au cours desquels la victime considérait
avoir reconnu l’agresseur, il était mentionné
dans 43,5 % des cas qu’ils étaient d’origine
nord-africaine. Il faut en outre souligner que, souvent, les plaintes
reçues ne mentionnent pas l’origine des agresseurs
21. » Les musulmans représentent environ 6 % de la
population néerlandaise. Les Nord-africains – principalement
des Marocains – représentent environ le tiers de
cette communauté, soit 2 % de la population totale.
Kotek
précise qu’en Belgique, s’est produit «
une explosion d’actes antisémites, de violences physiques
et autres, perpétrés par des adolescents, principalement
d’origine nord-africaine 22. » L’historien Arthur
Arnheim écrit à propos du Danemark qu’à
partir des années 1990, des groupes et organisations constitués
par des musulmans extrémistes ont présenté
une grave menace pour la communauté juive danoise. Il mentionne
notamment une affiche anonyme en arabe apposée dans un
collège de Copenhague promettant une récompense
de 35 000 dollars à quiconque tuerait un Juif. Au cours
de l’automne 2002, un chef de l’organisation, Hizb-ut-Tabrir
fut traduit en justice parce qu’il avait appelé à
l’assassinat des Juifs 23.
Une
étude sur l’antisémitisme arabe et musulman
en Suède, réalisée en 2003 à la demande
du Comité suédois contre l’antisémitisme,
a montré que « ces dernières années,
les responsables de la sécurité dans les communautés
juives de Suède ont enregistré une nette augmentation
des incidents faisant intervenir des musulmans harcelant, menaçant
ou agressant des Juifs en Suède, et il existe un lien évident
entre le conflit du Moyen-Orient et la recrudescence mondiale
de l’antisémitisme 24. »
Cette
étude conclut que l’antisémitisme arabe et
musulman en Suède, « à la différence
de l’antisémitisme qui s’exprimait traditionnellement
dans les milieux nazis, n’est en aucune façon mentionné
ou mis en relief dans le débat public. Il est, au contraire,
activement étouffé, excusé, voire nié
dans les médias et par l’establishment politique,
universitaire et intellectuel 25. »
L’impact
sur la religion et sur la mémoire de la Shoah
Par
ailleurs, l’absence d’intégration de nombreux
musulmans dans les sociétés européennes et
leur agressivité a conduit à des mesures politiques
et des propositions qui affectent également la libre expression
des Juifs. Le port de la kippa n’a jamais posé problème
dans les écoles françaises. L’interdiction
du port du voile dans les écoles a cependant conduit également
à l’interdiction du port de la kippa.
Les
attaques d’hommes politiques néerlandais contre l’existence
d’écoles réservées aux musulmans risquent
de mettre en péril l’existence des écoles
juives. Ayaan Hirsi Ali, député du parti libéral
néerlandais, a critiqué la circoncision des musulmans,
ce qui soulève des doutes également sur la circoncision
des Juifs. Aux Pays-Bas, après le meurtre de Van Gogh,
un imam a fait l’objet de critiques acerbes pour avoir refusé
de serrer la main d’une femme, membre du gouvernement, ce
qui pose la question de savoir ce que doivent faire certains rabbins
lorsqu’ils rencontrent des femmes. L’abattage rituel
fait de nouveau problème dans certains pays européens
en partie à cause des problèmes causés par
l’abattage rituel musulman.
Certains
milieux musulmans mettent également en péril le
souvenir et la commémoration de la Shoah. Dans de nombreuses
écoles de divers pays, des enseignants rapportent qu’il
est pratiquement impossible de faire cours sur le thème
de la Shoah par suite de la violente opposition d’élèves
musulmans. Le 4 mai 2003 – journée nationale du souvenir
des victimes de la Seconde Guerre mondiale – plusieurs cérémonies
commémoratives ont été perturbées
à Amsterdam. Au cours de l’une d’elles, des
jeunes Marocains ont crié « Il faut tuer les Juifs
», une vingtaine de fois pendant les deux minutes de silence
à la mémoire des victimes 26.
Les
problèmes dépassent largement le cadre du comportement
de hooligans musulmans ou d’individus marginaux. En 2004,
le principal groupe islamique du Royaume-Uni, le Conseil musulman
de Grande-Bretagne, a refusé d’assister à
la commémoration du camp de la mort d’Auschwitz.
À cette occasion, son porte-parole Inayat Bunglawala a
développé l’idée fallacieuse qu’Israël
avait perpétré des meurtres en masse de Palestiniens
27.
Il
a commodément gardé le silence sur le principal
dirigeant arabe d’avant-guerre, Hadj Amin el-Husseini, collaborateur
nazi notoire. Bunglawala n’a pas non plus mentionné
le fait qu’avant la guerre, si les Arabes de Palestine –
ils ne se considéraient pas alors comme Palestiniens –
en avaient eu les moyens, ils auraient de bon cœur perpétré
un génocide des Juifs.
Un
autre grand dirigeant palestinien d’avant-guerre, Ragheb
bey el-Nashashibi, maire de Jérusalem, était considéré
comme un modéré. Vers 1930, il reçut l’écrivain
français non juif Albert Londres et justifia le meurtre
de civils juifs, y compris les vieillards. Au cours d’une
autre rencontre, Nashashibi déclara à A. Londres
qu’il suffirait de deux jours pour tuer les 150 000 Juifs
vivant dans la Palestine mandataire 28.
Les
conclusions d’Israël
De
l’ampleur des trois grandes erreurs stratégiques
de l’Europe d’après-guerre, on peut tirer un
certain nombre de conclusions concernant Israël. La première,
c’est qu’il est dangereux pour Israël d’accepter
les points de vue européens dans ses négociations
avec les Palestiniens. Les Européens sont demeurés
très en deçà de leurs capacités en
ce qui concerne leur propre défense et ont été
incapables d’empêcher des meurtres en masse en Yougoslavie.
C’est là un puissant indice que d’éventuelles
garanties européennes pour la sécurité d’Israël
seraient, en grande partie, dénuées de valeur.
En
second lieu, l’excessive dépendance à l’égard
du pétrole arabe a créé dans le gouvernement
européen un besoin démesuré d’apaiser
les exigences arabes. Même aujourd’hui, les efforts
investis par l’Europe dans les énergies de substitution
et les programmes d’économies d’énergie
sont très en deçà de ce qui serait nécessaire
et possible. Cette réalité conduit, elle aussi,
à la conclusion que, dans toute négociation de paix,
Israël devrait maintenir l’UE dans un rôle aussi
réduit que possible.
Enfin,
avec l’immigration en masse de musulmans dont une partie
se radicalise et une autre partie considérable est piètrement
intégrée, l’Europe s’est créé
un problème majeur. N’ayant pas été
capable de prendre soin de ses propres intérêts cruciaux,
comment peut-on attendre des Européens qu’ils adoptent
à l’égard d’Israël une attitude
responsable en matière de sécurité de l’État
juif ?
Notes
1.
Efraim Zuroff, « Sweden’s Refusal to Prosecute Nazi
War Criminals – 1986-2002 », Jewish Political Studies
Review, Vol. 14, n° 3-4, 2002, pp. 85-119.
2. Frank Poorthuis, « Borst : Paars I vreesde wel voor leven
Moslimmannen », de Volkskrant, 18 avril 2002 [en néerlandais].
Steven Derix et Floris van Straaten, « De situatie in Srebrenica
was als oor¬log te zien », NRC Handelsblad, 21 novembre
2002 [en néerlandais].
3. Manfred Gerstenfeld, « Srebrenica : The Dutch Sabra and
Shatilla », Jerusalem Viewpoints, n° 458, 15 juillet
2001.
4. Jean-Christophe Ruffin, « Chantier sur la Lutte contre
le Racisme et l’antisémitisme », ministè¬re
de l’Intérieur, de la Sécurité intérieure,
et des libertés locales, p. 30, octobre 2004. 5. «
Spanish official pushes for Mideast solution », USA Today,
28 mars 2005. 6. Dore Gold, « After the London Bombings
: Blair’s Israeli-Palestinian Detour from the Real Root
Causes of Terrorism », Jerusalem Viewpoints, n° 534,
1er septembre 2005. 7. « Van dawa tot jihad. De diverse
dreigingen van de radicale islam tegen de democratische recht¬sorde
», Ministerie van Binnenlandse Zaken en Koninkrijksrelaties,
2004 [en néerlandais].
8. Ibid.
9. Manfred Gerstenfeld, « Radical Islam in The Netherlands
: A Case Study of a Failed European Policy », Jerusalem
Issue Brief, vol. 4, n° 14, 2 janvier 2005.
10. Manfred Gerstenfeld, « The Deep Roots of Anti-Semitism
in European Society », Jewish Political Studies Review,
pp. 3-46.
11. Manfred Gerstenfeld, Interview d’Andrei Markovits, «
European Anti-Americanism and Anti¬Semitism : Similarities
and Differences » in Israel and Europe : An Expanding Abyss
, Jérusalem, Jerusalem Center for Public Affairs, Fondation
Konrad Adenauer , 2005, pp. 125-142. 12. Manfred Gerstenfeld,
Europe’s Crumbling Myths : The Post-Holocaust Origins of
Today’s Anti¬Semitism, Jérusalem, Jerusalem Center
for Public Affairs, 2003.
13. Idem, pp 64-66.
14. Ibidem.
15. Manfred Gerstenfeld, interview de David Bankier, « Wartime
Views on Jews in Post-War Europe : A Cool Reception at Best »,
Europe’s Crumbling Myths : The Post-Holocaust Origins of
Today’s Anti¬Semitism, pp. 93-101.
16. Morton Weinfeld, « The Integration of Jewish Immigrants
in Montreal : Models and Dilemmas of Ethic Match », «
Still Moving : Recent Jewish Migration in Comparative Perspective
», sous la direction de Daniel. J. Elazar et Morton Weinfeld,
pp.285-296, New Jersey, Transaction Publishers, 2000.
17. Manfred Gerstenfeld, interview de Shmuel Trigano, «
French Anti-Semitism : A Barometer for Gauging Society’s
Perverseness », Post-Holocaust and Anti-Semitism, n°
26, 1er novembre 2004. 18. Mike O’Brien, « Labour
and British Muslims : Can we dream the same dream ? » The
Muslim Weekly, 14-20 décembre 2004.
19. Manfred Gerstenfeld, interview de Joël Kotek, anti-Zionism
in Belgium – The Country’s Civil Religion that Reflects
the New Anti-Semitism, Post-Holocaust and Anti-Semitism, n°
29, 1er février 2005.
20. Georges Bensoussan, « Antisemitism in French Schools
: Turmoil of a Republic », Analysis of Current Trends in
Anti-Semitism, n° 24, Jérusalem, Université
hébraïque, 2004, p. 37. 21. www.cidi.nl/
22. Manfred Gerstenfeld, interview de Joël Kotek, Post-Holocaust
and Anti-Semitism, n° 29, 1er février 2005.
23. Arthur Arnheim, « Anti-Semitism after the Holocaust
– Also in Denmark », pp. 151-159, Jewish Political
Studies Review, volume 15, automne 2003.
24. Mikael Tossavainen, Det förnekade hatet–Antisemitism
bland araber och muslimer i Sverige Författare, Stockholm
: Svenska Kommittén Mot Antisemitism, 2003, p. 43 [en suédois].
25. Op. cité, pp. 43-44.
26. « Allochtonen verstoren herdenking vierde mei »,
Het Parool, 8 mai 2003 [en néerlandais]. 27. « British
Muslims to miss Holocaust Memory », Haaretz, 25 janvier
2005. 28. Albert Londres, Le Juif errant est arrivé, Paris,
Arléa, 1997, p. 209.