Historienne,
écrivain, auteur de Juifs et chrétiens sous l’islam
face au danger intégriste, Berg international éditeurs,
2005.
Dans
La Fracture Identitaire, Ivan Rioufol dresse un tableau réaliste
et sans concessions de ce qu’il nomme le délitement
de la France et ses causes. C’est un plaidoyer urgent
pour le rétablissement d’une cohésion sociale
héritée de l’histoire et une mise en garde
contre les déstructurations du pays. Dans les fractures
identitaires culturelles et sociales, l’auteur décèle
les traumatismes d’une nation qui se désagrège.
Aussi se propose-t-il de tirer les consciences de leur engourdissement
et de dénoncer « l’instrumentalisation des
naïvetés » responsable de cette situation.
Il craint que l’accessoire et l’anecdote ne masquent
les enjeux prioritaires de notre époque : la libanisation
de l’Europe et singulièrement de la France.
La
France État-nation se suicide-t-elle ? Allons-nous vers
une guerre civile entre, d’une part, les partisans d’une
dissolution de l’identité et de la culture nationales
afin d’intégrer les immigrants réticents
à abandonner les leurs – et, d’autre part,
les partisans d’une cohésion fondée sur
la fidélité aux valeurs essentielles du pays ?
Le sursaut de ces derniers fit échouer le 29 mars 2005
le projet de Constitution européenne qui envisageait
une Europe « sans frontières ni racines, c’est-à-dire
sans géographie ni histoire », une Europe amibe,
polymorphe et visqueuse.
Rioufol
détecte les séismes qui déchirent le corps
national, dans des institutions telles que l’école,
par exemple, qui bâtit la dépersonnalisation de
l’individu par la destruction de ses repères historiques
et culturels. L’auteur se livre à une analyse exhaustive
de « ce champ de ruines » qu’est devenue la
scolarisation, socle de l’avenir d’un pays et dont
la dislocation préfigure déjà l’instabilité
du futur. Les causes de cette « catastrophe » résident
dans la politisation de la culture, le relativisme des valeurs
permettant l’islamisation des écoles par l’adoption
de principes hostiles à la mixité, à la
laïcité et à l’objectivité de
l’enseignement. Rioufol nous démontre que cette
évolution que l’on détecte à des
degrés divers dans tous les pays de l’Union européenne,
est soutenue par les représentants même de l’État.
Cette situation se propage à tous les niveaux européens
par des procédés insidieux tels que la désinformation
calomnieuse et la culpabilisation unilatérale.
Chaque
chapitre examine les divers ressorts psychosociaux activant
la nécrose des valeurs nationales et de l’État-nation.
L’auteur dénonce, notamment, l’instrumentalisation
perverse d’une culpabilisation unilatérale relative
à l’esclavage ou à la colonisation de pays
musulmans, deux politiques essentielles au jihad perpétré
sur des populations juives et chrétiennes à une
échelle démultipliée sur trois continents
et treize siècles mais qui n’évoquent cependant
aucun regret. L’occultation de cette réalité
entraîne le déni des conflits idéologiques
entre Islam et Chrétienté et par conséquent
l’impossibilité de traiter ces problèmes
autrement que par une auto-flagellation européenne unilatérale.
L’auteur
analyse les mécanismes de la désinformation véhiculés
par les médias et les tabous masquant l’extension
de l’immigration musulmane. Il cite l’opinion de
nombreux démographes dénonçant les mensonges
sur les flux migratoires et la dissimulation délibérée
des chiffres réels. Les accommodements, la peur, l’introduction
rampante de pratiques islamiques telles que la polygamie, la
ségrégation féminine, les restrictions
à la liberté d’opinion et de culte, l’explosion
de l’antisémitisme révèlent les modifications
en profondeur des sociétés européennes
qui, par osmose migratoire, acquièrent des composantes
islamiques.
Ce
tour d’horizon de la situation en France pourrait s’appliquer
à toute l’Union européenne dont la vision
idéologique détermine l’harmonisation des
politiques envers les pays musulmans sur le plan domestique
de l’immigration et du multiculturalisme – et au
niveau des politiques étrangères de soutien aux
Palestiniens, de diffamation d’Israël et des États-Unis.
Le travail de sape des identités nationales et culturelles
européennes s’intègrent dans la politique
de l’UE visant à désenclaver l’Europe
de son histoire, de sa résistance à l’islam
et de ses racines religieuses liées au judaïsme.
La boulimie de son expansion territoriale qui l’amena
au XIXe siècle à construire dans l’aventure
coloniale, la modernisation de l’Afrique et de l’Asie,
évolue actuellement en une autodissolution dans la mondialisation
et l’auto-gérance pratiquée par des ensembles
de réseaux inaccessibles aux citoyens. C’est à
l’immigration dont Rioufol nous révèle les
modalités, qu’est dévolue la mission civilisatrice
et régénératrice de la nouvelle Europe.
Cette immigration acquiert ainsi le rôle rédempteur
attribué précédemment au prolétariat.
Ciment de la fusion des peuples par le multiculturalisme elle
représente l’antidote à la guerre par l’abandon
des souverainetés nationales dans l’édification
d’Eurabia, ce nouveau continent détaché
de ses racines judéo-chrétiennes. Dans les derniers
chapitres, Rioufol suggère des démarches pour
sauver « la nation suicidaire ». Ce livre tonique
écrit à un moment charnière devrait réveiller
les consciences.