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B L O G   de   Shmuel   Trigano


Israël face à l’empire européen

Shmuel Trigano, le 4 janvier 2010

Qui se souvient que la célébration du jour de l’an commémore la circoncision de Jésus ? Sûrement pas les technocrates de l’Union Européenne qui ont senti le besoin totalement gratuit de proclamer par la voix de Catherine Ashton, nouveau ministre de l’Union, leur profession de foi déclarant Jérusalem-Est comme un territoire occupé par Israël. C’est justement une « profession de foi » en laquelle on ne peut que détecter le retour d’un ressentiment archaïque de la conscience chrétienne envers le peuple juif. La destruction du Temple et la dispersion des Juifs a longtemps été tenu par elle pour la preuve de la vérité chrétienne. Se rend-t-on compte de l’énormité culturelle et de la profondeur morale abyssale de ce jugement qui décrète que le peuple juif est un étranger dans Jérusalem ? Et ce que cela signifie en retour comme démission de soi, de sa propre histoire, de sa propre identité, pour l’Europe !

L’empressement de l’Union Européenne à faire cette déclaration, sans aucune urgence politique et diplomatique, nous montre combien il s’agit ici d’un acte compulsif qui nous renseigne sur le côté passionnel de cette attitude. Quand elle parle d’Israël, l’Union Européenne parle d’elle-même et de ses problèmes avec le bloc arabo-musulman, en l’occurrence l’Organisation de la Conférence Islamique et la Ligue Arabe. Ces problèmes sont à la fois externes –concernant la relation entre Etats– et internes, en rapport avec la présence en Europe d’une population originaire de ces pays et que la menace du djihad mondial a prise en otage.

C’est un pouvoir inquiétant qui se profile avec l’Union Européenne : un pouvoir technocratique qui rabote les identités des Etats démocratiques qui la constituent et qui a, surtout, des ambitions mégalomanes. Si la Turquie entre dans l’Union, l’Europe aura des frontières avec l’Iran et l’Irak, sans parler de ses ambitions en Méditerranée. Des frontières avec le Sahara ? C’est un empire qui est en voie de constitution car je ne vois aucun autre régime de ce genre dans l’histoire. Or la philosophie de l’histoire juive nous a appris que tout Empire rencontre dans le peuple d’Israël un empêcheur de tourner en rond qu’il tente de briser, d’une façon ou d’une autre. Sans Israël, l’Union Méditerranéenne serait un fait accompli…

La tentation de l’Empire qui guette l’Europe tranche cependant sur les empires passés, car l’Union Européenne se veut l’incarnation de la morale, des « droits de l’homme », qui l’autorise à juger ou à condamner, non pas l’univers, car il y a en Chine, en Amérique Latine, en Afrique, par exemple, des puissances utiles à ses intérêts et dont elle a peur, mais au petit Etat d’Israël qui lutte pour son existence. Ces condamnations sont autant de gages de sa complaisance qu’elle donne à ses alliés potentiels du monde islamique. Ainsi quand elle finance une armada d’ONG israéliennes et palestiniennes dont la seule finalité est d’instruire un procès permanent d’Israël, elle estime par la voix de son ambassadeur en Israël, Andrew Stanley, qu’il ne s’agit pas là d’une instrumentalisation de la vie politique israélienne mais, je cite, du « respect total de volontés universelles et de droits de l’homme ». Nous apprenons ainsi que les basses manœuvres de la diplomatie de l’Union Européenne sont l’incarnation de l’universel ! On ne peut pas mieux exprimer le vertige de la puissance et de la démission qui caractérise aujourd’hui sa politique envers Israël.




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